En mars/avril quelles crudités dans notre assiette ?
C’est le printemps, la végétation se réveille, les températures s’adoucissent et l’on se dit que l’on va mettre un terme aux choux – poireaux -carottes de l’hiver pour remettre un peu de diversité dans notre assiette. Or ne nous emballons pas, si l’on veut respecter les saisons, mars et avril ne sont pas vraiment des mois de profusion pour les maraîchers locaux. Les légumes de conservations touchent à leur fin et ceux de l’été ne sont pas encore là. L’idée est alors de prolonger ce qui peut l’être en jouant sur les recettes, les modes de conservation et les saveurs, d’aller voir ce qui commence déjà à pousser et pourquoi pas de faire pousser nous-même.
Vive la verdure !
Qu’est-ce qui commence à pointer son nez en cette saison ? En plein champs, très peu de légumes sont à maturité en vérité, pour la plupart des maraîchers il s’agit plutôt de travailler la terre et de planter. Pourtant, devant une demande de plus importante, beaucoup commencent la saison avec un peu d’avance, avec des plantations sous serres (non chauffées !!!). Ce sont principalement les salades et autres verdures qui sont alors proposées sur les marchés. Les salades ont un cycle de pousse court, ce qui permet d’en avoir toute l’année, en adaptant les variétés en fonction des saisons. Il est donc possible de leur donner une large place dans nos repas, en sachant cependant que pour obtenir 100 g de salade l’assiette doit être bien remplie (c’est plus léger que les carottes râpée). Pour éviter l’ennui, on pourra à loisirs d’agrémenter ces feuillages de graines de tournesol torréfiées, de morceaux de fruits, de croûtons maison, de légumes râpés, en évitant les préparations trop grasse (fromage, lardon) ou trop transformées qui, dans une proportion trop importante, annuleraient l’effet positif du légume. On jouera aussi sur les mélanges en ajoutant des plantes sauvages type pissenlit, mouron des oiseaux, plantain ou d’autres pousses comme la roquette, le mesclun ou les épinards. Et quand les végétaux dégagent trop d’amertume (ce qui fait du bien à notre foie), une petite touche sucrée dans la vinaigrette, en utilisant un peu de jus d’orange ou quelques fruits secs réhydratés, apporte un équilibre intéressant.
Sous les feuillages, certains légumes font tout de même leur apparition : c’est le début des radis sous toute les formes, des navets et du fenouil dans les régions plus douces. On les insère dans nos menus en les mangeant nature, avec une pointe de sel, ou râpés. Et comme toujours, c’est la qualité et la variété des sauces qui font que c’est bon et qu’on ne se lasse pas : vinaigrette à l’orange, au pesto, aux tomates séchées, sauce yaourt (de toute sorte) aux herbes fraîches ou au curry, sauce moutarde, au vinaigre aromatisé (maison)…
Réveille ton chou !
Même principe pour les légumes d’hiver qui arrivent un peu en fin de course : les choux lisses verts ou rouges, les choux rave ou kale, les betteraves, les céleris rave, les carottes. Autrefois la conservation des légumes racines étaient pratiquée plus longtemps encore, souvent jusqu’au mois de juin. Si les chambres froides ont remplacé progressivement les silos, ne dédaignez pas trop vite ces légumes qui seront toujours beaucoup moins chers que ceux vendus en botte. Pour les cuisiner, on cherche la variété en créant des associations (la fameuse coleslaw avec une sauce yaourt par exemple) et en prenant un peu de soin pour des sauces originales mais simples à faire.
Ça fermente !
Une autre option est d’utiliser la lacto-fermentation pour conserver ces légumes et booster leurs qualités nutritionnelles, leur taux de vitamines notamment. Le principe est simple et nécessite peu de matériel (bocaux type Le Parfait, eau filtrée et sel marin). On peut également acheter dans le commerce des bocaux à partir de nombreux légumes pour agrémenter nos crudités, avec souvent des mélanges et des recettes originales, inspirées de l’Asie ou de l’Europe de l’est. Enfin, la choucroute est vendue crue dans des petits seaux de 500g ou 1 kilo (principalement dans des magasins bio) et est maintenant produite en dehors de l’Alsace. Avec d’autres légumes râpés, une sauce bien enveloppante et quelques fines herbes, elle constitue la base d’une salade fraîche et acidulée qui se mariera avec délice avec un poisson fumé.
Le persil dans sa jardinière
Ce qui pousse aussi aisément en mars avril, ce sont les herbes aromatiques. . Leur richesse en vitamine C mais aussi en fer (4.5 % pour le persil ou 5% pour le basilic) et en antioxydant est souvent vantée. On leur donnera alors une large place dans nos salades composées (le fameux taboulé libanais) et si on veut augmenter leur consommation on peut les décliner sous forme de pesto avec des graines de tournesol par exemple, une recette qui marche également avec les orties ou diverses jeunes pousses. Petit bémol cependant, le coût de ces plantes n’est pas très léger, il est d’ailleurs rarement donné (on parle plutôt de prix au bouquet). Un argument pour nous conduire à les faire pousser nous-même dans un coin de jardin ou dans un pot sur le balcon ou dans la cuisine.
Ça va germer !
Ce que l’on peut faire pousser aussi, ou du moins germer, ce sont presque toutes les graines que nous mangeons : des légumineuses (lentilles, pois chiche) aux céréales (blé, épeautre), jusqu’aux oléagineuses (tournesol). Là aussi le principe est simple : réservées dans un bocal recouverte d’une gaze tissée, les graines germent en quelques jours. La germination débarrasse les graines de facteur anti-nutritionnels, en rendant plus disponible minéraux et protéines notamment, développe leur richesse en vitamines et en enzymes. On prendra quelques précautions de nettoyage avant de les consommer (rinçage à l’eau vinaigrée par exemple). Une fois cette petite production maison entrée dans nos habitudes, elle est un moyen ultra-économique de compléter nos ressources au quotidien. Et cela d’autant plus en période de confinement.
Bon appétit à tous.